L'homéopathie en mouvement

Une infinité de médicaments pour parvenir à traiter l’humanité ?

Une autre question : En Homéopathie (pure) existe-t-il autant de remèdes que de cas de maladie individuelle ?

Je fais remarquer aimablement que l’on ne saurait concevoir autrement que l’homéopathie pure, et qu’il est bien triste qu’on doive recourir à un tel pléonasme au vu de la profusion des charlatans de tout poil qui nous déshonorent chaque jour. Parle-t-on de pédiatres purs ? De gynécologues purs ? De médecins purs ?

Pour en revenir à la question, si nous avions des détracteurs de l’homéopathie intelligents, ce serait bien la seule question pertinente qu’il y aurait à nous poser. Pourquoi en effet, alors que nous déclarons – et constatons – que chaque patient est un cas unique, et que nous devons individualiser la prescription en fonction des caractéristiques du cas au lieu de généraliser sous la forme de syndromes et de maladies, pourquoi ne faut-il pas autant de médicaments qu’il y a de malades ?

Dans un point de vue de réflexion générale il me semble intéressant de remarquer à ce stade que nous vivons dans un monde où tout nous est donné gratuitement et à profusion, monde que l’industrie a transformé en rareté et cherté généralisées. Nous voyons à quel point la médecine industrielle (et la société basée sur l’argent, voir Ivan Illich, La Némésis Médicale) est aux antipodes de ce principe général d’abondance et de gratuité qui régit notre monde à sa création. S’il existe une véritable médecine, elle devrait être en accord avec ce qui précède : on devrait s’attendre à ce qu’elle soit simple, concevable d’après des principes clairs et intelligible (Voir Organon §2) et les médicaments devraient être abondants et gratuits.

La réponse évidemment est l’’homéopathie, qui se pose donc en modèle de médecine écologique : les médicaments sont fournis en abondance et ne devraient pas être payants. Le Fondateur écrit dans la note du long §270 :

(a) Jusqu’à ce qu’un jour l’Etat, après avoir reconnu la nécessité absolue d’une préparation impeccable des remèdes homéopathiques, les fasse manufacturer par une personne compétente et impartiale. Ces médicaments, dont on aurait ainsi une garantie, seraient distribués gratuitement seulement aux médecins homéopathes qui se seraient qualifiés par une pratique suffisante dans des hôpitaux homéopathiques leur conférant autorité en la matière. Ainsi, le médecin, grâce à ces avantages procurés par l’Etat, sera convaincu de la qualité irréprochable de ces moyens idéaux de guérison, et pourra les donner sans les faire payer à ses malades —riches ou pauvres.

Entrons maintenant dans le vif du sujet :

145.— Il faudrait assurément un nombre très considérable de médicaments dont on connaîtrait exactement l’action pathogénésique, pour nous trouver en position de découvrir un remède homéopathique, c’est-à-dire une puissance pathogénésique artificielle (curative), qui serait analogue de chacun des états morbides infiniment nombreux dans la nature, de chaque maladie au monde (a).

(a) Je fus d’abord seul à faire de l’étude de ces expérimentations la principale et la plus importante de mes occupations. Par la suite, j’ai été assisté dans ces recherches par quelques jeunes étudiants, qui firent des expérimentations sur eux-mêmes et dont j’ai examiné et vérifié les observations, ainsi qu’un petit nombre, vraiment digne de valeur, d’autres essais du même genre.

Mais, que de guérisons ne parviendra-t-on pas à opérer dans l’immense domaine des maladies, quand de multiples observateurs, aussi objectifs que scrupuleux contribueront par de consciencieuses auto-expérimentations à enrichir cette matière médicale, la seule scientifique ! L’Art de guérir se rapprochera alors des sciences mathématiques sous le rapport de la certitude.

Cependant, grâce à la fidélité des symptômes et à la richesse des manifestations morbides observées jusqu’à présent dans l’expérimentation de substances médicinales puissantes sur des sujets sains, il ne reste plus aujourd’hui que peu de maladies contre lesquelles on ne puisse trouver, parmi ces substances désormais connues pour leur action pure, un remède homéopathique à peu près convenable qui pourra rétablir la santé de façon douce, certaine et définitive et sans développer d’inconvénients notables. [Voir §109 a].

Ainsi les guérisons se feront avec infiniment plus de certitude et de sécurité qu’on n’en aurait en recourant à toutes les thérapeutiques générales et spéciales pratiquées jusqu’à présent par la médecine allopathique, dont les mélanges de médicaments inconnus ne font que

- dénaturer et aggraver les maladies chroniques, sans jamais pouvoir les guérir,

- retarder, plutôt qu’accélérer la guérison des maladies aiguës, quand, ce qui est encore pire, ils ne mettent pas la vie elle-même en danger.

Donc, dès 1843 le Maître déclare disposer d’assez de médicaments pour pouvoir lutter contre la plupart des maladies. On a peine à imaginer le désert complet avant qu’il ne se mette à interroger la nature en expérimentant sur lui et ses proches de nombreuses substances toxiques. On égale encore moins aujourd’hui ses résultats alors qu’il disposait seulement de 12 ou 13 médicaments, tandis que nous en avons maintenant 2000 référencés.

Bien sûr, les amateurs de médicaments exotiques, eux-mêmes souvent incapables de soigner un rhume ou une otite -alors la pneumopathie je vous dis pas- nous assureront que les pathologies elles-mêmes ont changé et qu’il nous faut découvrir des nouveaux remèdes adaptés. C’est le message relayé par les illusionnistes comme Sankaran, et autres Sholten, qui ont en plus le culot de vendre leur grille de lecture pour la prescription de médicaments parfaitement inconnus, c’est à dire non expérimentés.

De telles déclarations, une fois encore, nous montrent le niveau élémentaire auquel stagnent les gens qui s’appellent homéopathes sans avoir jamais étudié ni assimilé l’Organon… En fait l’expression des maladies chroniques reste toujours dépendante du miasme chronique qui en est responsable. Pour nos lecteurs, très brièvement, Hahnemann est arrivé à la conclusion que les maladies chroniques proviennent d’une contamination ancestrale de maladies contagieuses dont on ne guérit pas et qui transmettent certaines caractéristiques ou prédispositions à la descendance. C’est une fois de plus une conception en avance de milliers d’années lumières sur la malheureuse médecine classique qui se débat avec ses anti-inflammatoires sans comprendre que cette inflammation crépusculaire est tout ce que peut produire un organisme qui ne dispose plus d’assez d’énergie pour une réaction fébrile à large échelle. Ses bons vieux traitements, depuis les saignées jusqu’aux plus modernes immuno-modulateurs, en passant par la corticothérapie, ne font rien d’autre que de détruire la seule minuscule voie de salut que possède encore l’organisme pour ne pas produire de symptômes plus profonds. C’est vraiment l’histoire du pompier pyromane.

Donc, même si les pathologies auto-immunes ou les allergies n’existaient pas du vivant de Hahnemann, ce sont les mêmes miasmes toujours plus déchaînés par les traitements antipathiques, qui sont à l’œuvre. On aura ainsi besoin des mêmes antipsoriques, antisycotiques ou antituberculeux. L’apparence et la profondeur se sont modifiées mais les mêmes médicaments couvrent toujours les cas…

Il apparaît donc qu’une partie de la réponse tient dans le fait que les organismes vivants ne sont pas capables d’une infinité de dérèglements possibles. Il n’y a pas des centaines de façon différentes de produire une inflammation, ni une infinité de sensation différentes produites par l’organisme, ni une infinité d’illusions, etc.

Nous sommes très redevables à Hahnemann de nous avoir légué une matière médicale caractérisée par « la fidélité des symptômes et à la richesse des manifestations morbides » au point qu’aujourd’hui, la plupart des échecs sont attribuables à un défaut du prescripteur plutôt qu’à une pénurie de médicaments.

Cela nous amène maintenant à discuter de l’homéopathicité du médicament. L’expérience démontre que les patients commencent à réagir à l’impulsion du médicament pourvu qu’un certain seuil de similitude soit atteint. Le cas commence ainsi à avancer, le niveau d’énergie remonte, et peu à peu l’organisme est capable de produire des symptômes plus nets. C’est je crois la façon la plus saine d’envisager l’action d’un médicament que de le considérer comme un apport d’énergie. Ainsi, on pourra dans les cas idéaux trouver le simillimum du premier coup, celui dont la topologie coïncide le mieux avec celle du patient.

Ainsi même si en théorie on pourrait avoir besoin d’un médicament unique et rarissime, du genre la plante unique qui pousse toutes les 32 pleines lunes au sommet de l’Himalaya, pour guérir d’un coup le patient, une succession de médicaments sera parfaitement capable d’arriver au résultat souhaité. Cela vous permet de bien comprendre que :

- le débutant Jedaï pourra toujours faire du bien à ses malades. Il lui suffira d’observer les stratégies de prescription comme de :

  • débuter par un médicament végétal,
  • épuiser les effets d’une dose,
  • guetter la survenue de nouveaux symptômes, etc.

- le praticien chevronné quant à lui verra d’un seul coup d’œil le médicament

  • avec le plus d’homéopathicité ou sera surtout capable
  • de déterminer le médicament le mieux indiqué pour démarrer, je dirais « ouvrir » le cas

La stratégie habituelle consistera à améliorer le patient avec des médicaments ayant une homéopathicité suffisante pour relever le niveau de santé, jusqu’à ce qu’un jour surgissent un ou deux signes caractéristiques qui vont éclairer d’un coup toute la scène. Ainsi se découvrira le médicament parfois rare, ou mal connu, ou oublié, que l’état de votre patient réclamait depuis des années, mais recouvert sous d’autres strates énergétiques.

Ici nous devons bien comprendre que c’est l’homéopathicité suffisante qui nous garantit de pousser le cas en avant, et de ne surtout pas faire de suppression. La suppression survient presque toujours quand vous donnez un médicament qui n’est homéopathique qu’à un groupe limité de symptômes, surtout ci-ceux ci sont périphériques. En empêchant l’expression de symptômes physiques vous poussez évidemment la pathologie plus en profondeur. Pour réussir, votre prescription doit être basée sur un « bottom-up » convenable, c’est à dire que vous aurez peut-être quelques signes caractéristiques locaux et vous assurerez l’homéopathicité à l’aide de signes généraux.

Je me répète, la compréhension du miasme est ici absolument essentielle, c’est à se demander commet on peut réussir des cas chroniques sans elle. Il en découle des stratégies de prescription d’une grande richesse et ici encore, le fait qu’il n’existe en tout et pour tout que 4 miasmes chroniques vous explique pourquoi il n’y a pas une infinité de cas différents à traiter. Rien qu’à l’aide du nosode du miasme, on pourra souvent faire beaucoup de bien et aborder le cas.

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