L'homéopathie en mouvement

Discerner le simillimum. Entrevoir l’homéopathie. 2eme partie

2. UN ÉTAT D’ESPRIT PARTICULIER : “THE RIGHT STUFF”

 

UN MÉLANGE DE RIGUEUR SCIENTIFIQUE ET DE PERCEPTION ARTISTIQUE

 

A la base de toute discipline scientifique (enfin je veux dire, partout sauf en médecine actuellement) figure l’étude des phénomènes naturels afin d’énoncer les lois qui les régissent. Puis sur ces fondements naissent deux types de constructions : la méthode ou le système. Il faut connaître cette subtile distinction –établie par Jahr il y a déjà 150 ans– pour comprendre les choses. Un système tout entier se déduit d’une proposition initiale ; la relativité générale est un système. Une méthode est un tout cohérent qui repose sur la juxtaposition de plusieurs énoncés éventuellement indépendants ; c’est le cas de l’homéopathie. Apprendre, comprendre et appliquer l’ensemble des propositions de la méthode est la clé du succès. On trouve quelques médecins audacieux qui osent prescrire des doses dynamisées –c’est l’une des facettes de l’homéopathie– moins nombreux sont ceux qui comprennent intimement que « seul le principe vital, après avoir été ainsi désaccordé, peut procurer à l’organisme les sensations désagréables qu’il éprouve et le pousser aux actions insolites que nous appelons maladies ». Plus rares encore ceux qui ont compris le principe de la dose unique, encore plus rares ceux qui maîtrisent les questions de posologie et d’interprétations des réactions cliniques du cas.

 

Comme dans toute autre discipline scientifique, il est nécessaire de connaître et de comprendre les principes énoncés par Hahnemann au terme d’une vie entière de recherches ; cela représente un effort de compréhension et de conceptualisation qui nous démarque peu à peu de la médecine classique. Assimiler de son mieux les signes et les tableaux caractéristiques du plus grand nombre de drogues représente un immense effort de mémorisation mais réduire l’étude des propriétés des médicaments à un effort de mémoire conduit à la catastrophe car on doit se familiariser avec les médicaments tout comme on s’habitude aux habitudes et aux manies d’un colocataire.

 

Il ne faut pas rester au milieu du gué : une fois que cette pâte scientifique sera acquise, encore faudra-il la modeler, la travailler, lui donner les formes qui conviennent pour décrire les cas morbides. L’aisance avec laquelle on manipule les concepts de base permet d’acquérir peu à peu un savoir faire indispensable à toute bonne prescription. Il en découle une dimension artistique d’une rare richesse puisque potentiellement il existe une infinité de cas possibles.

 

Utiliser ses connaissances pour affûter sa perception des patients, comprendre ce qui est souffrant en eux, reconnaître ce qui est « indubitablement morbide », voilà une tâche qui nous occupera toute une vie !

 

LE JUGEMENT INDIVIDUEL ET L’ENGAGEMENT PERSONNEL : LA PENSÉE CARTÉSIENNE

 

descartes

Descartes

Pour réaliser cette dimension artistique, l’homéopathie implique un engagement personnel du praticien, qui se trouve souvent en proie aux railleries de ses confrères et qui doit aussi endurer régulièrement la lecture d’articles diffamatoires sur son art.

 

Bien que les deux formes de médecine soient complémentaires, comme peuvent l’être des traitements curatifs et palliatifs, la situation devient rapidement manichéenne. Dès le début de sa pratique, l’homéopathe se trouve tiraillé entre deux partis. Il semble que l’esprit humain ne puisse concevoir les idées nouvelles autrement qu’avec des conflits. Thomas Kuhn a clairement identifié ces mécanismes dans son ouvrage désormais classique « La structure des révolutions scientifiques ».

 

Au commencement de nos études, nous baignons dans un mode de pensée souvent caractérisée par l’intolérance mais soutenu par toutes sortes d’habitudes, de certitudes, et d’intérêts financiers ; l’édifice est conforté par le pire des faux amis qu’est le sens commun (soigner la partie malade) ; et pérennisé par l’enseignement thérapeutique classique (je dis bien thérapeutique car jamais l’homéopathie n’a prétendu renier les autres branches médicales).

 

Seul, le développement du jugement individuel basé sur l’expérience permet de se détacher peu à peu du vieux système de pensée. Cela enracine profondément la démarche homéopathique dans le cartésianisme qui souligne depuis 1637 le privilège du sujet pensant.

 

Grâce à Descartes en effet, le jugement individuel recouvre une autorité légitime qui ne doit rien à la croyance, au préjugé, ou à l’institution. Le fameux cogito ergo sum –je pense (donc) je suis– a la force d’une révélation : il enseigne que toute vie intellectuelle commence par la perception singulière de l’existence propre d’un sujet pensant, c’est à dire d’abord sentant, d’un sujet se sentant penser.

 

Cela nous situe hélas aux antipodes de la mode actuelle qui consiste à attendre dans un fauteuil la publication d‘articles et d’études censés éclairer les lecteurs. Dans ces conditions, l’acharnement borné des adversaires de l’homéopathie me fascine complètement. Quel peut être le psychisme de ces gens qui se sentent ainsi obligés de partir en « croisade » ? J’apprécierais énormément l’éclairage d’un psychiatre sur ce type de comportement.

 

Nous retiendrons avec humour de l’expérience de ces derniers siècles qu’il n’existe pas de détracteurs honnêtes et intelligents. Ceux qui sont les deux sont des homéopathes qui s’ignorent comme le montre l’histoire de Hering (chargé dans son jeune temps de démontrer que Hahnemann était un charlatan, celui-ci constate avec ébahissement les merveilleux résultats et se convertit à la nouvelle médecine). Les détracteurs honnêtes ne sont pas souvent intelligents ; ce sont en général des gens qui ont péniblement acquis certaines connaissances et qui sont persuadés de détenir dès lors un savoir qu’il s’agit défendre jalousement. Les détracteurs intelligents sont rarement honnêtes ; ceux là je l’avoue me répugnent le plus, ils défendent les intérêts de leurs employeurs par les moyens les plus bas et les pires manipulations ; hélas, comme Lénine l’a démontré, “plus c’est gros plus ça passe”.

 

UN CŒUR RESTÉ OUVERT ET UN ESPRIT D’ENFANT

 

On peut déplorer que l’enseignement universitaire produise principalement des « scientifiques » froids et précis persuadés notamment trouver la solution à tous les problèmes grâce à des mesures linéaires de masse, volume, quantités, etc. La dimension humaine de notre art se trouve de plus en plus rognée, ce qui crée une brèche grandissante entre le médecin classique représentant un monde de papier comme disait Galilée, et la souffrance bien réelle du patient.

 

Cette distance entre la réalité souvent non étiquetée des patients et le cadre de plus en plus artificiel du système hospitalier induit une défiance de plus en plus grande du public envers la médecine. Il convient à tout médecin de cultiver le doute cartésien sur sa pratique et ses connaissances afin de ne pas tomber dans le panneau du narcissisme. Reconnaître devant son patient quand cela se produit que l’on s’est trompé me semble tout aussi essentiel afin d’entretenir la confiance indispensable à la relation médecin malade. Savoir prendre la responsabilité de ne rien prescrire si l’on ne voit pas de médication indiquée nous oblige aussi à apprendre à gérer notre propre stress (cher lecteur, au cas où vous ne l’auriez pas encore remarqué, bien des prescriptions visent surtout à rassurer… le prescripteur !)

 

Il est indispensable de se dégager de l’univers de la médecine classique et de ses classifications arbitraires afin de devenir un vrai artiste dans l’art de guérir. Il est nécessaire d’aimer un minimum ses semblables et de désirer entrer en contact avec eux pour avoir une chance de percevoir leur souffrance propre.

 

Enfin, dans une société qui entend tout contrôler et tout comprendre, il est difficile d’avoir l’humilité de ne pas posséder l’explication intime des phénomènes auxquels nous sommes confrontés. C’est avec un esprit enfantin, à la fois pragmatique et émerveillé qu’il faut entreprendre chaque cas.

 

UN SENS ACÉRÉ DE L’OBSERVATION

Un homéopathe doit sans cesse être aux aguets, prêt à bondir sur un signe particulier. Le sens de l’observation implique d’utiliser toutes les perceptions sensorielles. La bonne tactique consiste à noter un signe particulier et à remonter à l’ensemble du patient pour s’assurer que le reste des symptômes « colle » avec le médicament appelé par le signe particulier. Souvent on associe d’un coup d’œil plusieurs petits signes tous partagés par un médicament et il reste à tester ensuite la cohérence avec le reste du cas, même si le reste du cas n’est encore même pas révélé. C’est la technique du « bottom-up » que l’on utilise dans les cas les plus courants et qui permet de prescrire très rapidement.

 

Les signes physiques

Comme tout médecin, nous prenons note des signes physiques du patient : taille, poids, surcharge pondérale ou maigreur, teint, odeurs. La classification hippocratique nous est utile, j’y consacrerai un cours dans quelque temps. Cette classification est très importante car elle permettra de distinguer les signes qui proviennent du tempérament et qui ne sont pas vraiment pathologiques, des signes morbides qui sont les guides vers le médicament à prescrire. Ceci correspond à ce que Hahnemann décrit au §5 lorsqu’il explique qu’il faut tenir compte de la constitution physique du malade :

 

5.— Lorsqu’il s’agit d’effectuer une guérison, le médecin doit utiliser tous les moyens possibles à sa disposition, afin de déterminer :

 

I. dans les maladies aiguës : la cause occasionnelle la plus vraisemblable;

II. dans les maladies chroniques : les phases évolutives les plus significatives. Il pourra ainsi en découvrir l’origine, la cause profonde, fondamentale, le plus souvent une diathèse chronique (miasme).

 

En ceci il faudra tenir compte :

 

— de la constitution physique du malade (surtout dans les affections chroniques),

— de son caractère moral et intellectuel,

— de ses occupations,

— de son genre de vie,

— de ses habitudes,

— de sa situation sociale,

— de ses relations de famille,

— de son âge,

— de sa vie sexuelle, etc…

 

Bien souvent j’ai observé que de nombreux débutants mélangent gaiement tous les symptômes qu’ils observent chez un patient, introduisant tout cela dans un logiciel tout en pensant que la machine leur donnera le meilleur choix.

 

Cela n’a pas de sens, pour plusieurs raisons :

 

-vous mélangez des signes du tempérament et qui ne sont donc pas pathologiques, avec d’autres qui eux sont effectivement corrélés avec le patient et sa pathologie

-vous n’avez pas de profondeur de champ : les signes forment des groupes qui relèvent chacun d’une strate particulière. Ne mélangez pas les signes anciens avec les signes nouvellement apparus.

 

Un praticien qui a étudié la matière médicale et s’est familiarisé avec la pathologie peut en quelques instants déduire un médicament en assemblant des faits qui sembleraient insignifiants ou épars aux yeux du profane. C’est la notion de perception, absolument essentielle dans l’homéopathie, car le langage n’exprime que peu de choses.

 

Quelques exemples. Notez l’heure d’arrivée, la façon de se lever (volontaire, hésitante, etc.), de s’asseoir… Souvent un patient qui arrive avec 30 minutes d’avance vous sert sur un plateau son anxiété d’anticipation.

 

Les mouvements des mains, la façon dont elles sont posées ou pas sur le siège, etc. dénotent souvent la nervosité du patient. L’attitude générale, les gestes vifs, saccadés (Nux-v) ou lents et hésitants (Puls, Calc) sont à noter.

 

L’habillement apporte beaucoup d’indications, il est souvent à l’image de l’intérieur du patient, car finalement ce que nous traquons ce sont les signes qui relèvent du noyau reptilien, pas ceux qui surviennent du contrôle de l’encéphale.

 

Les sujets Arsenicum sont toujours tirés à quatre épingles, puisque leur mécanisme adaptatif de type cancérinique leur impose la perfection et le contrôle pour calmer leur angoisse de mort omniprésente.

 

Les Sulfur quant à eux sont indifférents à leur tenue vestimentaire et se trouvent très bien mis même s’ils portent des vêtements usés. La couleur vestimentaire est importante, en général les patientes Tarentula s’habillent dans des vêtements noirs, typiquement dans des tenues vaporeuses, et elles portent souvent des bas ou même des mitaines en résille. Souvent les sujets de Lachesis aiment les vêtements aux couleurs vives.

 

Ce sont autant de signes qui sont à utiliser parfois en défaveur d’un remède : il est difficile d’imaginer un cas de Nux-v vomica, chez une personne lente, en surpoids, aux gestes déliés ou lents.

 

Dès le premier coup d’œil, il est évident que le visage est très plus riche en signes de tous types. Les signes objectifs comme les taches en tous genres peuvent parfois mener directement au bon remède.

 

Le regard apporte aussi son flot d’informations, même chez les bébés. Il est anxieux, instable, timide, séducteur, irrité, cherchant le contact ou non, etc.

 

L’aspect des phanères est un signe général d’importance. Les cheveux, la coiffure donnent des indications. Les sujets de type Nux-v portent souvent les cheveux très courts, tandis que ceux de Sulfur sont en bataille et d’aspect malpropre.

 

La coiffure est aussi l’occasion de noter la personnalité du sujet : extravertie, féminine, garçonne, etc. Les femmes Sepia coupent leurs cheveux assez courts. Cela ressemble aussi à Medorrhinum, qui présente en plus souvent un aspect très masculinisé.

 

Les tics sont aussi un signe général, ils surviennent n’importe où dans l’organisme, et l’on peut parfois les caractériser par une localisation rare. Il est prudent d’utiliser la rubrique Tics dans la section Généralités.

 

L’œdème des paupières est un signe intéressant, il peut indiquer des médicaments comme Phosphorus, un Kalium, ou un Natrum par exemple. En partant des remèdes dans cette rubrique on peut tout de suite orienter les questions pour faire un premier tri parmi les candidats possibles.

 

La coloration des téguments nous sert beaucoup chez les enfants notamment : par exemple Silicea, Calcarea phosphorica, Carcinosin, Thuja sont des médicaments adaptés à des teints clairs.

 

Les mains sont elles aussi un reflet du patient. De longues mains fines n’expriment pas la même sensibilité que de grosses mains carrées et calleuses. En d’autres termes il n’est pas vraiment concevable de rencontrer des sujets Phosphorus en train de conduire des engins de terrassement, tout comme il n’est pas encore avéré de trouver Bryonia indiqué chez des violonistes !

 

Les ongles livrent quantités de signes intéressants. Les taches, leur forme, leurs stries et autres cannelures permettent d’évoquer un point de départ qui peut s’avérer fructueux.

 

Les ongles rongés expriment l’anxiété mais bien entendu il faudra explorer chaque type d’anxiété en fonction des médicaments capables de se ronger les ongles. Un sujet Medorrhinum par exemple est littéralement rongé par la peur que l’on découvre ses faiblesses qu’il cherche à cacher. C’est un médicament sycotique. Les sujets Aconit vivent dans une peur permanente de mort ou de danger imminent, c’est une manifestation d’un miasme aigu.

 

Descendons un instant sur le cou. Cela saute souvent aux yeux de voir que telle femme a besoin d’un large décolleté et rien que sa façon de respirer nous indique qu’elle ne supporte pas de vêtements serrés à ce niveau. C’est un signe objectif de grande valeur, parfois une telle observation associée à l’ampleur des mouvements respiratoires permet d’évoquer un venin. En un clin d’œil en effet on associe la notion de suffocation et d’intolérance pour la restriction.

 

Certains patients adoptent une attitude défensive, bras et jambes croisées. Cela va encore plus loin dans certains remèdes comme Sepia qui ont l’image mentale « d’empêcher d’entrer les importuns ».

 

L’aspect de la peau saute souvent aux yeux de l’observateur averti. La texture, les taches, la sécheresse, les éruptions, etc. sont autant de pistes potentielles.

 

Chaque fois que je vois un sujet mince, je m’enquiers de son appétit pour ne pas manquer d’exploiter de précieuses rubriques comme la maigreur malgré un bon appétit.

 

Voir arriver un patient en chemisette en plein hiver ne manque pas de surprendre, tout comme rencontrer un sujet chaudement vêtu en hiver. Ces modalités thermiques sont importantes mais ne peuvent servir de signes éliminatoires car il existe des dominantes dans les remèdes mais aussi des exceptions. Ainsi Arsenicum est très souvent extrêmement frileux mais certains ont toujours trop chaud.

 

L’EXPRESSION PARLÉE ET LES MESSAGES NON VERBAUX

La façon dont parle le patient est très importante. Certains parlent vite ou lentement. D’autres utilisent un langage peu châtié ou au contraire excessivement raffiné. L’hésitation, le manque des mots, la façon de répondre nous donne bien des informations. Le maintien, le port de tête, ainsi que la présence d’une éventuelle affectation sont autant de sources d’information.

 

Le Répertoire est très riche en symptômes, voici quelques rubriques destinées à vous faire ouvrir les pages concernées :

 

PSYCHISME : Batailles, combats, parle de. Chez-lui, parle de. Elocution, change rapidement d’un sujet à un autre, fort, parle, hésitante, précipitée, raffinée. Erreurs, parlant, en. Parler, un seul sujet, que d’. Répondre, “non” à toutes les questions, lentement, monosyllabes, par, réfléchit longtemps avant de, refuse de, répète d’abord la question. Travail, parle de son.

 

Les tournures et les expressions employées sont souvent directement connectées avec le subconscient et ne peuvent être répertoriées en tant que telles, c’est donc au praticien de faire preuve de finesse et de noter comment certaines personnes n’utilisent pas une expression courante pour exprimer quelque chose. C’est dire l’importance de noter les mots employés par le patient : ça m’étouffe (venin), je m’étrangle de rage (Lyssin), ça me dégoûte (Ipeca), etc. Notez les soupirs, et autres gestes inconscients en réponse aux questions posées

 

Il est tout aussi important de décoder les nombreux messages non verbaux qui émanent du patient. Par exemple une telle va dès le début de l’entretien parler de la façon terrible dont son accouchement s’est déroulé, puis de son mari qui ne s’occupe pas assez des enfants, puis de la façon dont tel médecin s’est mal occupé d’elle. Et en quelques instants vous pensez à regarder la liste des médicaments qui se plaignent : en somme le sentiment qui est véhiculé est mille fois plus important que les petits ou grands faits qui vous sont rapportés. C’est à cause de cela que mes amis m’ont affectueusement surnommé le croco du Nil car en apparence je somnole et laisse tranquillement parler le patient soit jusqu’au moment où un signe important m’est délivré soit lorsque j’ai pu déjà me faire une idée de son état d’esprit au travers de son discours.

 

PETIT CAS CLINIQUE

Prenons par exemple le cas récent d’une voisine qui m’appelle à son chevet pour ce qui est vraisemblablement une crise de goutte, avec une inflammation de l’articulation métatarso-phalangienne du gros orteil gauche. Au moment où je la vois, une des seules choses que je connaisse d’elle c’est qu’il s’agit d’une femme réservée, qui n’exprime jamais rien, une « dure à cuire » chez qui il faut aller « à la pêche aux symptômes ». Il apparaît qu’elle a fait un régime avec une alimentation exclusivement protéique, à quoi elle a ajouté dans le week-end des copieux repas. Son mari a noté qu’elle est plus irritable que de coutume. Elle ajoute qu’elle est ballonnée et constipée. Impossible d’en savoir plus, je donne donc Nux-vomica pour tenter d’y voir plus clair.

 

Le soir : aucun changement, sauf peut-être que la rougeur semble moins importante. En l’examinant je suis surpris de pouvoir toucher la partie enflammée, sans qu’elle ait trop mal. Par contre ajoute-t-elle, c’est horrible la douleur dès que je mets le pied par terre. Je suis interpellé et ne sais comment interpréter cela.

 

Je redemande bien les conditions dans lesquelles le week-end s’est déroulé et elle finit par lâcher qu’elle ne comprend pas car elle ne s’irrite jamais, mais qu’elle s’est mise en colère sur un sujet politique. Et quand elle dit cela, le regard se mouille comme si des larmes allaient arriver, la variation de la tonalité indique que la gorge se serre. Et là, plus besoin d’en demander plus, en un instant les pièces du puzzle s’assemblent pour former l’image d’Ignatia.

 

Je lui souris et lui dis que cela ne m’étonnerait pas maintenant que son chagrin est sorti qu’elle puisse sourire de nouveau et elle éclate de rire.

 

Pour ceux que cela intéresse, voici le calcul détaillé de mon petit exercice mental :

 

CONTRADICTOIRES et alternants, états (Voir Alternances-États, Changement-Continuel, Métastases) : abrot.7, aloe.7, ambr.3, apis.8, berb.8, carc.7+10, cimic.7, croc., crot-t.1b, ign., kali-bi.7+8, kali-c.1b, kali-s.8, lac-c.8, lil-t.8, mang.8, mosch.1b, nat-m., phyt.8, plat.1, plb.3, podo.1b, puls., sabin.1b, sanic.7, sep.7, staph.7, thuj.1, tub.7, valer.1

 

COLERE, affections après colère, contrariété, etc : acon., agar., alum., am-c., ant-t., apis., arg-n., arn., ars., aur., aur-m., bell., bry., cadm., calc., calc-ar.1, calc-p., calc-s., caust., cham., chin., cimic., cist., cocc., coch.2, coff., coloc., croc., cupr., ferr., ferr-p., gels., hyos., ign., ip., kali-p., lach., lyc., mag-c., mag-m., manc., mez., nat-c., nat-m., nat-p., nat-s., nux-m., nux-v., op., petr., ph-ac., phos., plat., puls., ran-b.1, rhus-t., samb., sec., sel., sep.5′, sil., stann., staph., stram., sulph., tarent., verat., zinc.

 

refoulement de, suite de : aur., cham., ign., ip.88, sep., staph.

 

RENFERMÉ, réservé (Voir Introversion, Secret, Taciturne) : aeth., alum., arg-n., ars., aur., bell., bism., calc., caps., carb-an., carc.78, caust., cham., chin., clem., coloc., cycl., dros., euph., euphr., grat., hell., hyos., ign., indg., ip., lach., lyc., mag-c., mang., mur-ac., nat-m., nit-ac., nux-v., olnd., op., petr., ph-ac., phos., plat., plb., puls., rheum., sabad., sabin., spong., stann., verat.

 

BOULE, masse, coin ou bouchon planté, sensation de (Voir Corps) : aesc., agar., ail., all-c., alum., ambr., am-c., anan., ant-c., apis., arg-n., arn., ars., asaf., aur., aur-m., bar-c., bell., benz-ac., berb., brom., bry., bufo., calc., calc-s., carb-s., carb-v., carc.78, caust., cham., chel., chin-s., cic., cina., cocc., coc-c., con., croc., crot-c., crot-h., crot-t., cur., ferr., ferr-ar., ferr-p., gels., graph., hep., hyos., ign., kali-ar., kali-bi., kali-c., kali-n., kali-p., kali-s., kreos., lac-ac., lac-c., lach., laur., led., lil-t.3b, lob., mag-c., med., merc., merc-i-f., merc-i-r., mez., myric., nat-a., nat-c., nat-m., nat-p., nit-ac., nux-m., nux-v., ol-an., par., ph-ac., phos.3b, phyt., plan., plb., psor., puls.3b, rumx., ruta., sabad., sabin., sep., sil., sol-t-ae., still., stry., sul-ac., sulph., tab., thuj., tub.88, ust.3b, verat-v.3, zinc.

 

Si vous introduisez ces symptômes dans notre logiciel Pckent, vous obtiendrez le résultat sans appel en faveur d’IGNATIA :

 

Il est primordial de se familiariser avec les signes et les symptômes produits par les médicaments et la façon dont ils sont consignés. Il est important de visualiser les tableaux produits par les drogues et à mesure que l’on progresse cela permet de saisir l’essence d’une substance à travers ses diverses manifestations.

 

Le répertoire n’est rien d’autre qu’un super index intelligent de la matière médicale. A partir des données brutes qu’il recense, l’ouvrage introduit la précieuse notion de généralisation des symptômes, élargissant ainsi le champ purement expérimental ou clinique de la matière médicale. Nous devons au génie de Kent d’avoir su généraliser sans tomber dans les excès de son prédécesseur Boenninghausen.

 

L’apport de l’informatique apporte une dimension supplémentaire, spécialement grâce à l’exploitation des références croisées, des valorisations relatives et autres nombreux raffinements comme ceux que connaissent ceux qui utilisent PcKent 2.

 

Utiliser le répertoire sans connaître la matière médicale est une parfaite absurdité et mène à une pratique mécanique et stérile qui est à l’opposée de la vraie démarche artistique.

 

A l’inverse, une pratique basée exclusivement sur la matière médicale sans connaître le répertoire conduit à une vision morcelée d’un cas puisqu’il est impossible de se souvenir de tous les signes produits par une substance donnée et de trouver ainsi un point commun aux signes observés chez le patient. Cette démarche conduit à la prescription basée sur des key-notes (signes rares caractéristiques d’une seule substance) ou justifie la poly-pharmacie, ce qui fait les choux gras des laboratoires.

 

Voilà, j’arrête ici, je pense que l’essentiel est dit. J’espère que notre site continuera de susciter de plus en plus de vocations d’homéopathes, merci et bravo à ceux qui ont franchi le pas vers la médecine du futur.

 

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